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  Texte précédent : L'instant photographique, par Milo

 

CIELS 6539

Ciel dans la région du Bastberg (Bouxwiller) - Photo MS

 

 

 

 

Du domaine de l'invisible.

 

Non, je ne parlerai pas ici d'histoires de fées ou de sorcières, qu'affectionne Martine, qui pour ma part, me laissent de marbre. Mais si jamais une Gelfling(1), ou autre Elfe ailée venait pointer le bout de son nez et me demander en stop lorsque je fais la sentinelle du ciel, je réviserai mon jugement et ça fera assurément l'objet d'un dossier complet.

 

Je veux parler de phénomènes assez mystérieux, que la science aéro-météorologique parvient cependant à expliquer, sans que tout ne soit totalement éclairci. Ils font l'objet, encore aujourd'hui dans les mécanismes globaux, de batailles d'experts homériques.

 

A l'échelle locale, la chose est bien comprise. Je ne ferai point de cours, je n'en ai pas les capacités de toutes façons et ce n'est pas l'objet du présent article.

 

Lorsque un terrien regarde un nuage, il rentre dans le domaine de l'invisible et de l'insoupçonné que l'homme volant n'ignore plus, parfois à son détriment.

Qu'ils sont beaux et mignons ces nuages qui garnissent le ciel ! Qu'ils sont majestueux, à voguer ainsi dans le grand bleu, tous unis comme une armée antique ! Qu'ils ont l'air doux, tranquilles, onctueux, savoureux et si... inoffensifs. On a envie de crier « peace and love ! » et de s'y jeter comme dans du coton. Là-haut c'est le royaume de la sérénité, un monde coloré à base de gloubiboulga.

 

Les enfants, on vous ment ! Vous tous, terriens qui n'avez jamais fait l'expérience de l'air, vous vous trompez dans les grandes largeurs. Là-haut, c'est le chaos, le monde des énergies folles et libérées.

Que pensez-vous qu'il y ait sous ce sympathique cumulus que vous regardez de votre terrasse en sirotant une Margarita ? Et dans son ventre ?

 

Là-haut, c'est la guerre des réactions thermodynamiques en chaînes. La combinaison de la température, de la pression et de la saturation, créent les conditions de formation des particules liquides qui matérialisent les nuages. Cela crée une formidable libération d'énergie, qui peut être douce ou bien d'une violence inouïe.

Un nuage est une usine thermonucléaire et quand l'ogre s'empiffre, ça donne le roi des nuages, le plus redoutable : le fameux cumulonimbus. Celui là en a tellement à revendre, que mêmes les avions de ligne l'évitent. Il est le siège d'ascendances de la force d'un ouragan, d'un festival d'éclairs et d'escadrilles de morceaux de glace aussi gros que des ballons de foot.

 

Même lorsqu'ils paraissent immobiles les nuages sont perpétuellement en mouvement, en changement, dans des cycles presque invisibles de création/désagrégation quand ils sont au sommet de leur forme.

On croit que les nuages « arrivent » toujours de quelque part, alors qu'ils se forment souvent au-dessus de nos têtes. Dans l'invisible, peu à peu, « l'irisation atmosphérique » crée de petits filaments qui s'unissent, se croisent, grossissent.

 

Et sous un joli cumulus, c'est l'ascenseur assuré. Mettez du pollen, un oiseau, un parapente ou un planeur, c'est la même sanction : tout le monde au ciel. Quand il est en pleine santé, ce beau joufflu blanc sous lequel s'amuse Heidi nourrit des courants ascendants à intensité variable : doux, costauds ou furieux. Mais il est difficile de prévoir le thermostat. En tout cas, c'est le moteur de tous les hommes volants qui n'utilisent que la seule énergie naturelle pour se déplacer en l'air. Parfois, il faut s'accrocher. Car s'il y a un courant montant sous un cumulus, et comme toute chose a son contraire, pour rétablir l'équilibre de la thermodynamique, il y a tout autour des courants descendants. Et dans la transition, les frêles vaisseaux faits de toile se font parfois lourdement chahuter.

 

Là haut dans et sous le nuage, ça remue dans tous les sens et on en perd parfois ses propres sens comme le marin dans la mer démontée, à la différence que tout ceci demeure parfaitement invisible.

 

Milo, 5-2012

 

(1) Gelflings, êtres semi-humains à l'allure elfique source

 

 

van-gogh-gogh-paysage-nuages-img.jpg

Vincent Van Gogh, paysage sous les nuages

source de l'image

 

  Suivant :  Cuscuta allegoria, par Milo

 

 

 

 

Tag(s) : #Les amis qui écrivent, #Phénomènes naturels
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