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Suite de : Un nouvel auteur dans Vosges-Passion ? Mystère...

 

Le voici enfin ! Son premier texte dans Vosges-Passion :"L'instant photographique".

Nous attendons vos commentaires, encouragez-le à poursuivre !

 

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Photo M.S. : Parapentistes au Rothenbachkopf, octobre 2011

 

 

 

 « De battre mon cœur s'est arrêté. » (1)


La vie suit son cours, parfois morne et banal. Et pendant ce temps, inlassablement dans notre poitrine, la petite machine s’exécute à soixante-dix battements par minute, sans que l'on s'en aperçoive. Pourtant, le compte est là, et il faudra régler le solde lorsque l'attaque nous raidira. 

 

Tout ce temps perdu.  Ce temps disponible que notre corps nous donne, sans que l’on en fasse réellement usage. Il faut admettre que, parfois, sous des prétextes existentiels, certes, mais bien réels, notre cerveau se relâche, vaguement irrigué, comme une plante en hiver…

 

Six pieds sous terre dans du sapin, ou bien cramés montant au ciel, c'est selon. Il est difficile d'échapper à la tentation de penser que « tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie » (2). Tu pousses, tu claques. C'est le tarif universel. Cette funeste exécution, cet anéantissement de nous même est programmé, codé, au plus profond de nous dans chacune de nos cellules.

 

L'homme d'image a son truc pour déjouer la règle. Muni de son obturateur, il cherche à capturer le temps, jusqu'à vouloir son arrêt total, dupé par un inconscient farceur, qui lui assure qu'il vient de gagner quelques secondes de vie supplémentaires : c'est l'instant photographique.

 

L'illusion du sablier arrêté fonctionne à merveille chez les chasseurs d'images, qui ne sont qu'un reflet  déformé de la réalité capturée. Une illusion d'optique, un tour malicieux de l'esprit… Mais les sensations sont bien là : notre cœur s'est arrêté. Comme le regard frappé par la beauté, ou l'esprit submergé par le premier baiser…  Ce raz de marée catabolique nous fait chavirer.

 

C’est l'instant T où tout se fige, où tout est gigantesque, où la vie nous inonde et rentre avec force dans nos veines. Ce spasme, cet état quasi épileptique, cet orgasme qui nous crève le cœur et nous achève.

 

On en oublie alors, que c'est précisément ce moment intense, qui nous fait prendre totalement conscience de notre condition d'organisme vivant qui court après les émotions. Puis le cœur repart, il se resynchronise, et nous revoici dans un état stabilisé.  Et l’horloge est là, qui balance sa pulsation molle, jusqu'au prochain moment extatique.

 


Milo, mai 2012



(1) Titre du film de Jacques Audiard (issu de la chanson La Fille Du Père Noël Jacques Dutronc et Jacques Lanzmann).
(2) Dialogue issu du film Blade Runner de Ridley Scott - citation et  vidéo ci-dessous

 

" J’ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire, de grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion, j’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l’ombre de la porte de Tanahauser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir..."

Dialogue issu du film Blade Runner de Ridley Scott, dit par Roy Batty

 

 

 

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Les amis qui écrivent, #Rêve - mystère et réalité, #Portraits
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