Reflet dans une cupule, rocher du Hohwalsch, Walscheid. Photo : Laurent Gailmain 2005
Pourquoi t’obstiner miroir sans fin ?
Pourquoi doubler, frère mystérieux, le moindre mouvement de ma main ?
Pourquoi ce reflet tenace dans l’ombre ?
Tu es mon alter ego, dont parle le Grec, et toujours tu me guettes.
A la surface de l’eau vague ou du verre solide, tu me cherches ; il est vain d’être aveugle.
Je ne te vois pas, mais je sais, et tu prends peur, objet magique, toi qui oses multiplier le nombre des choses, que nous sommes, qui dictent notre destin.
Quand je serai mort, tu copieras un autre, puis un autre, autre, autre…
Jorge Luis Borges, L'Or des tigres (El oro de los tigres) (1972)
Suite : Miroirs, Jean Cocteau, Orphée...