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Cabanes tous les articles sur ce thème
La cabane, un espace de méditation et de ressourcement.
« Avez-vous la paix, cet élan serein qui révèle votre pouvoir ? Avez-vous des souvenirs, ces lueurs en arcade qui coiffent les cimes de l’esprit ? Avez-vous la beauté, ce chemin qui conduit votre cœur à travers les objets de bois et de pierre jusqu’à la montagne sacrée ? Dites-moi, avez-vous tout cela dans vos maisons ?
Ou plutôt n’avez-vous rien d’autre que le confort, cet amour du corps pour le confort, qui rampe pour franchir votre porte en invité et devient votre hôte, puis vous reçoit en maître ? Et le voici dompteur qui, avec fourche et fouet, vous tire par les fils de vos amples désirs pour en faire des pantins.
Si sa main est de soie, son cœur est de pierre. Il vous berce jusqu’au sommeil uniquement pour rester devant votre lit et pour mieux railler la dignité de votre chair. Il se moque de vos cinq sens et, tels des vases fragiles, les dépose dans le duvet du chardon.
En vérité, l’amour du corps pour le confort assassine la passion de l’âme, puis marche en ricanant derrière son cortège funèbre ».
Quand ils voient pour la première fois cette petite cabane sans clés ni clôtures, perchée sur la montagne, mes amis, qui savent que j’y effectue de nombreux séjours, s’exclament généralement : « Ah ! Mais comment fais-tu sans confort ? »
Je leur réponds alors : soyez sans crainte ! L’eau ? Il y en a à profusion et gratuitement dans le village situé dans la vallée proche, où jaillissent de nombreuses sources d’eau pure, l’eau sacrée du Donon. Il suffit d’en chercher quelques bidons. Et, sur le toit de la cabane, le ciel en déverse plus qu’il n’en faut, il est facile de la récupérer. Aujourd’hui par exemple, un violent orage a fourni de quoi abreuver et laver cent paysans et leurs bêtes.
Vous cherchez les commodités ? Toute la forêt vous tend les bras. La terre et les bousiers recycleront ce que vous aurez recouvert d’humus.
Pas d’électricité ? Pour une veillée, l’éclairage à la bougie est magique, procure détente, paix et prépare au sommeil en douceur. Si vous disposez d’une lampe solaire, ou à gaz, c’est Versailles ! Mais vous réapprendrez, tout naturellement à vous coucher peu de temps après la venue de la nuit et à vous lever avec le jour. Calé sur le rythme solaire, vous dormirez tout naturellement davantage en hiver et moins en été.
Pour le couchage, la planche du banc recouverte d’un mince matelas mousse s’entendra à merveille avec vos vertèbres. Les « familles nombreuses » dormiront à même le sol sur une bâche isolante. La nourriture aura été soigneusement rangée au préalable, faute de quoi Dame Souris viendra fouiner bruyamment dans les victuailles et trottiner sur la tête des dormeurs.
Vous craignez de manquer d’espace dans ce logis exigu ? Mais il est devant votre porte ! Toute la beauté du monde est là.
Les distractions : vous avez peur de vous ennuyer ? Vous redécouvrirez le plaisir de lire, écrire, dessiner, observer, peut-être photographier. Le chant des oiseaux, diurnes ou nocturnes, le chahut des lérots, le brame du cerf, le vent, la pluie, ou tout simplement le silence, nettoieront votre esprit, minimiseront vos soucis. Vous aurez peut-être le plaisir d’accueillir d’autres randonneurs ou visiteurs et de passer un moment convivial avec eux. Contempler la pleine lune, les étoiles, la belle montagne du Donon, illuminée par le lever et le coucher de soleil, on ne s’en lasse jamais.
Se chauffer en hiver ? L’eau chaude ? Pour cela, apportez, si possible, un peu de bois personnel auquel vous ajouterez éventuellement quelques morceaux de bois mort. Les bûcherons ou d’autres visiteurs en laissent parfois quelques quartiers, qu’ils en soient remerciés !
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Pour l’entretien -ce que l’on appelle couramment « le ménage »-, n'y songez même pas, le sol de terre battue et de gravillons est quasiment « autonettoyant ». Si vous laissez tomber quelques miettes ou reliefs de repas, ils disparaîtront comme par enchantement. Les micro-organismes de la terre en digèreront sans problème les miettes infimes, juste après le passage des souris. Il n’y a jamais de mauvaises odeurs.
Des visiteurs, que l’on ne rencontre jamais, entretiennent également la cabane, nettoient les vitres, décorent, réparent. J'avoue qu'il m'arrive également de nettoyer les vitres.
Enfin, en ces lieux, et hormis les exhalaisons épisodiques de la cheminée, il est délicieux de respirer un air toujours pur :
« L’air matinal ! Si les hommes ne veulent boire de cela à la source du jour, eh bien, alors, qu’on en mette fût-ce en bouteille, et le vende en boutique, pour le profit de ceux qui ont perdu leur bulletin d’abonnement à l’heure du matin du monde. Toutefois, rappelez-le-vous, il ne se conservera pas jusqu’à midi tapant, fût-ce dans le plus frais cellier, et bien avant cela, fera sauter les bouchons ou s’en aller vers l’ouest sur les pas de l’aurore. »
Henri David THOREAU– Chapitre Solitude (page 138) – Walden ou la vie dans les bois. L’imaginaire Gallimard, 1922 pour la trad. Française.
Janvier 2010
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D’autres citations sur le confort :
Je redoute l’hiver parce que c’est la saison du confort !
Arthur Rimbaud Extrait d’ Une Saison en enfer
Nous agissons toujours comme si le confort et le luxe étaient essentiels à notre existence, alors qu’il suffit pour être réellement heureux de trouver quelque chose qui nous intéresse passionnément.
Il nous en a fallu du travail, de l'effort, de la patience, de l'invention, de l'imagination, de l'industrie, du talent et du génie pour rendre à peu près logeable ce sol de racines et de pierres. Mais songe à ce que nous avons fait, malgré la nature, contre la nature pour nous installer d'une façon médiocre, à peine propre, à peine confortable, à peine élégante, pas digne de nous.
Guy de Maupassant, L'inutile beauté
